Toute la planète s’interroge : comment Zidane, le joueur repère de l’équipe de France, a-t-il pu péter les plombs à ce point et qui plus est, à un instant aussi symboliquement chargé ? Précipitant la défaite de son pays et gâchant du même coup sa sortie (dixit la presse) ? Les insultes de Materazzi (monnaie courante dans le foot) ne peuvent expliquer un geste d’une telle portée médiatique.
Osons une hypothèse et entrouvrons la porte du subconscient de Zizou; «Vous m’avez érigé en Stakhanov de l’intégration des minorités par le sport. Par l’entremise de l’équipe Black Blanc Beur, cette intégration a fait rêver pendant 20 ans d’une société égalitaire et multiculturelle – habilement exploitée par les politiques. Mais regardez la réalité : cette utopie-là n’existe pas. Le racisme et l’exclusion sont le lot quotidien de mes frères blacks et beurs. Et moi, "Yazid" comme on m’appelle dans mon quartier natal de la Castellane, je ne veux pas, je ne peux pas, être l’instrument par lequel passera ce mensonge institutionnel. Cette équipe de France où les minorités sont majoritaires et triomphantes n’est pas l’équipe de la France. Elle ne doit pas gagner. Elle ne doit pas tisser un décor factice sur une réalité à cacher. Monsieur le Président, à l’heure de ma sortie, moi, Zinedine Zidane, 34 ans de bons et loyaux services dans les mines d’or de l’Empire français et d’Adidas, j’ai bien l’honneur de vous faire savoir, ainsi qu’au monde entier, que je ne suis pas ce que vous voulez que je sois. Au nom de la Castellane, des Minguettes, des Mureaux, du Val Fourré et de tous les autres ghettos laissés pour compte, je déclare solennellement que je reste un sauvageon. Et donc, un exclu.» Dont acte.
(Sur une idée de Sylvie Lausberg)
10 juillet 2006
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