25 février 2006

La peur du plombier polonais plombe-t-elle l'enseignement?

Les chants de victoire de ceux qui, hier encore, vilipendaient la directive Bolkestein, laissent à penser que tout est pour le mieux dans la libre circulation des services. C'est que les opposants à cette directive, les Français surtout, ont mis en avant le "principe du pays d'origine", stigmatisé par le raccourci du "plombier polonais", au lieu de souligner où se trouve le vrai problème de cette directive: l'ouverture à la concurrence des services d'intérêt général. Exit donc le principe du pays d'origine, et sauvegardés les services publics tels que la santé et les transports. Le prix à payer est l'abandon à la libre concurrence et au privé de deux secteurs d'intérêt général fondamentaux: l'eau et l'éducation. En s'appuiant sur les réglementations conjointes (et parfois contradictoires) de l'OMC et de la directive Bolkestein nouvelle mouture, les écoles privées de tous les pays européens vont pouvoir ouvrir des succursales n'importe où dans l'UE et pourquoi pas contester, à terme, le financement par l'Etat des écoles "officielles" en tant que concurrence déloyale au nom des principes de libre-concurrence édictés par l'OMC. Il n'est pas certain que la marchandisation de l'enseignement soit un progrès pour l'humanité, dans la mesure où elle risque de confiner les plus pauvres dans un enseignement officiel exsangue alors que seuls les mieux nantis auront accès à une école disposant des moyens de leurs ambitions. Tant qu'elle sera profitable, bien sûr. Sinon... Sinon quoi au juste?

23 février 2006

Frontières US privatisées?

Le Department of Homeland Security (DHS) des Etats-Unis s'apprêterait, selon "Intelligence Online", à lancer un appel d'offres pour la construction et la gestion d'un système intégré de surveillance des frontières. Ce système fera appel à l'imagerie satellite et à des senseurs, ainsi qu'à des équipes de sol. Le déployement du système est prévu pour 2007, bien qu'à ce jour, les différents projets successifs visant à la surveillance des frontières par le DHS se sont tous soldés par des échecs.
Finalement, un douanier bien armé, en 4X4 et avec un gros molosse derrière un mur (comme à Tijuana), on fait pas mieux.

21 février 2006

Marcinkus meurt avec ses secrets

L'archevêque américain Paul Marcinkus, impliqué dans l'un des plus grands scandales financiers du Vatican, est décédé mardi à l'âge de 84 ans à Phoenix (Arizona), a annoncé l'agence italienne Ansa citant le diocèse de Phoenix.
Paul Marcinkus était le grand manitou des finances vaticanes du temps de Paul VI. Notoirement lié à la mafia, proche du patron du Banco Ambrosiano et de la loge pseudo-maçonnique P2 Licio Gelli, il fut écarté à la suite de la banqueroute frauduleuse d'Ambrosiano (dont la banque du Vatican, l'IOR, était le principal actionnaire), épisode qui coûta la vie à Roberto Calvi, retrouvé "suicidé" sous le pont de Blackfriars à Londres. Il faut relire à ce sujet le livre de David Yallop "Au Nom de Dieu", qui retrace l'histoire des 30 jours de règne de Jean-Paul Ier et surtout sa mort subite après qu'il eût annoncé vouloir nettoyer les écuries d'Augias de la sainte finance. L'une des meilleures enquêtes journalistiques des 30 dernières années.

Nier le négationnisme?

C'est Courrier International qui rapporte cette info aujourd'hui: "L'historien britannique David Irving a été condamné lundi 20 février à trois ans d'emprisonnement pour avoir nié la réalité de l'extermination des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Une sanction exemplaire, selon une partie de la presse européenne. Mais des journaux s'interrogent aussi sur la limite donnée à la liberté d'expression, si ardemment défendue dans l'affaire des caricatures de Mahomet." Voltaire avait une sentence toute faite pour résoudre ce genre de cas de conscience: "pas de liberté pour les ennemis de la liberté". Notons que le négationnisme est punissable par la loi, ce qui n'est pas encore le cas de la caricature.
Voir article: http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=60238&provenance=accueil&bloc=01

17 février 2006

Pure fiction : Et si le Clémenceau coulait ?

Une petite fiction qui arrangerait tout le monde (sauf les poissons, les pingouins et les écologistes): contraint de revenir de l'océan Indien où il traîne sa carcasse truffée d'amiante cancérigène, le toujours redoutable Clémenceau voit s'alourdir la facture de ses errances de jour en jour. Le convoyage de retour (vers Brest qui n'en veut pas) couterait 1 million d'euros. La marine française a déjà déclaré ne pas vouloir payer une deuxième fois le passage du canal de Suez, trop onéreux (et illégal selon Greenpeace, vu l'état du rafiot).
Après avoir longé l’Afrique, le Clemenceau rejoindra donc l’Atlantique en passant au large du cap de Bonne Espérance, non sans avoir auparavant effectué une escale dans les îles Crozet, à l’extrême sud de l’océan Indien. Un endroit bien connu pour ses redoutables tempêtes et ses icebergs qui n'auraient aucune peine à faire chavirer l'épave tractée. Un nouveau drame de la mer qui réglerait définitivement le problème de ce déchet flottant. Si par hasard, il parvenait à rallier la rade de Brest, il reste encore une "chance" de le voir sauter sur l'une des vieilles mines allemandes qui gisent encore ça et là. Une éventualité que n'exclut pas l'Etat-major
français par la voix de l'amiral Cormoran (ça ne s'invente pas) qui qualifie cette perspective de "tragique". On est prié de le croire sur parole et surtout, si l'on habite Brest, de partir en vacances assez longtemps. Pourquoi pas à Toulon?

Le coup du chinois

Oyez bonnes gens, vous qui avez tous, sans doute, éprouvé ce qu'on appelle "le coup du chinois": une grosse faim une heure après avoir quitté la table du resto asiatique où l'on a englouti le menu 4 services. On met cela sur le compte de la légèreté de cette cuisine toute en nuances et son riz, symbole de l'alimentation des peuples affamés. Mais voilà: des chercheurs de l'université de Madrid viennent de découvrir que le glutamate monosodique, exhausteur de goût généreusement utilisé non seulement par les cuisiniers chinois mais aussi massivement par l'industrie agroalimentaire, augmente la sensation de faim chez les rats. Et pas qu'un peu: de 40%! Pourquoi se gêner? Le E621 (c'est son petit nom) est considéré comme inoffensif et aucune dose limite n'est imposée. Ce qui explique aussi, si l'on veut en revenir au resto chinois, certains bourdonnements de tête dès après la crème de nids d'hirondelles... En extrapolant les résultat de l'étude madrilène chez l'homme, les scientifiques s'inquiètent de l'utilisation croissante de E621 dans les aliments industriels qui pourrait, selon eux, jouer un rôle dans l'obésité galopante. Une hypothèse qui, fait subtilement remarquer "Le Canard enchaîné" (8/2/06), "mettrait l'industrie alimentaire dans la situation des cigarettiers, accusés d'avoir farci leur tabac d'ammoniaque pour rendre encore plus accros les fumeurs". Merci du tuyau!