22 juin 2006

La taxe Tobback

M. Bruno Tobback, ministre belge des Pensions (socialiste), promet un petit bonus aux pensionnés pour 2007. Tout en annonçant (RTBF 21/6, 8h45) que le cadeau, même s’il dure quelques années, se verra immanquablement rattrapé par « le coût du vieillissement ». Ce qui est une façon d’inciter les futurs pensionnés à souscrire une assurance complémentaire dans le privé – le vieux rêve libéral.
Selon cette doxa, c’en est bien fini de la retraite par solidarité ; les cotisations des braves actifs toujours moins nombreux ne pourront plus financer la pension des inactifs qui, en plus, vivent de plus en plus longtemps. Le calcul est évidemment simple… mais simpliste. De l’argent, il y en a pléthore. Mais il est ailleurs.
Des milliards d’euros de revenus générés par les transactions financières et des opérations spéculatives ne sont pas taxés et échappent chaque année à la solidarité nationale. Voici une belle occasion pour un jeune ministre qu’on suppose ambitieux de transformer la taxe Tobin en… taxe Tobback. Et de sauver ainsi notre vieux système de retraite, l’un des fondements de notre justice sociale.

15 juin 2006

Outrage à patron

Bernard Anselme semble faire des émules… Ainsi, Karel Vinck, dont nul n’ignore le cursus patronal (Eternit, Bekaert, Umicore, SNCB, FEB) se dit outré que la presse se fasse l’écho d’une condamnation qu’il a subie en Italie, à titre d’administrateur-délégué d’Eternit, pour homicide involontaire suite la contamination par l’amiante de plusieurs ouvriers morts de mésothéliome, un cancer spécifiquement lié à la fibre d’asbeste. Et de déclarer pour sa défense qu’à l’époque (de 1973 à 1975), il ignorait tout des dangers de l’amiante. «J'ai toujours agi en toute bonne foi, en prenant les décisions qui s'imposaient sur base de l'information médicale qui était à ma disposition à l'époque des faits», déclare Karel Vinck dans « La Libre » de ce jour. Fort bien.

Sauf que… Sauf que Monsieur Vinck nous prend pour des imbéciles. Un patron maniant de l’amiante dans les années 1970 ne pouvait pas ignorer que la nocivité de cette substance est connue depuis le début du siècle. A cette époque on enregistrait déjà un grand nombre de décès parmi les travailleurs de l’industrie de l’amiante. C'est dans les années 1930 que l'on a commencé à suspecter son caractère cancérigène. En 1955, l'enquête épidémiologique de Richard Doll dans une usine textile d'Angleterre apporte la preuve du lien entre exposition à l'amiante et cancer du poumon. Pour le mésothéliome, c'est en 1960 que Wagner établit le lien entre l'amiante et cette maladie. Son étude portait sur 33 cas de mésothéliomes provenant pour la plupart de la zone de la province du Cap, en Afrique du Sud, où était exploitée une mine de crocidolite : parmi ceux-ci, 28 concernaient des personnes ayant travaillé dans la mine ou ayant vécu à proximité. Ce n’est pas un mystère que l’industrie a tout fait à l’époque pour que ces études ne soient pas diffusées. Mais les industriels du secteur étaient les premiers informés ! Monsieur Vinck veut nous faire croire qu’il n’était pas au courant : il faut en conclure qu’il exerçait donc de façon irresponsable un métier qu’il ne maîtrisait pas; s’il « ne savait pas », qu’il reconnaisse au vu de ce qui précède qu’il aurait dû savoir et qu’il cède tous les émoluments perçus lors de son passage chez Eternit aux familles des victimes.

Au lieu de s’offusquer que la presse révèle ce qu’il aurait bien voulu garder caché, M. Vinck ferait mieux de reconnaître ses torts ; ça le grandirait. Je suis prêt à parier qu’il ne prendra pas le risque de se ridiculiser davantage en déposant plainte contre Knack comme il en émet aujourd’hui l’idée dans un piteux contre-feu. Et félicitons la justice italienne d’avoir reconnu le tort causé aux travailleurs en condamnant les responsables, chose que la justice internationale ne s’est toujours pas résolue à faire à l’égard notamment de Saint-Gobain, malgré le dépôt de plusieurs milliers de plaintes (lire à ce propos : http://www.monde-diplomatique.fr/2000/06/HERMAN/13926.html ). On estime qu’à ce jour, alors que Karel Vinck s’offusque, 500.000 personnes se savent condamnées à mourir à plus ou moins court terme des suites de l’exposition à l’amiante. Ambiance dans les chaumières ! Le plus souvent, dans un dénuement total, puisqu’ils ne reçoivent aucune indemnité d’invalides. Et ce, alors que Saint-Gobain annonce des bénéfices records. Pendant l’agonie, les affaires continuent.

Voir aussi http://andeva.free.fr/

01 juin 2006

Antimoine, plomb et cadmium: vive l'eau pure!

Ne comptez pas sur Danone ou Nestlé pour vous le dire: une analyse réalisée par l'Université de Heidelberg démontre que les eaux contenues dans des bouteilles en plastiques contiennent 95 à 165 fois plus d'antimoine (un composant minéral toxique) que l'eau à la source (Le Canard Enchaîné, 31 mai).
"La raison? L'antimoine est utilisé en tant que fixateur dans la fabrication des bouteilles en plastique, et, comme tous les autres ingrédients du plastique, il migre allègrement dans la flotte. Plus l'eau reste enfermée longtemps dans la bouteille, plus elle contient d'antimoine. Certes, les quantités trouvées par les chercheurs allemands sont 10 fois inférieures à la limite autorisée; il n'empêche, on ne sait pas grand chose de l'effet sur notre organisme d'une l'ingestion chronique de petites doses.
Etant entendu que l'on compte jusqu'à 150 composants différents dans le plastique des bouteilles, parmi lesquels du plomb et du cadmium (utilisé pour colorer le plastique en rouge), et que tout sont plus ou moins relargués, on comprend enfin pourquoi l'eau minérale est près de 300 fois plus chère que l'eau du robinet: c'est grâce à tous ces petits rajouts!"
Voilà qui est ragoûtant.