Klaus Volkert, l’ancien président du comité d’entreprise de VW qui a reçu 1,9 million d’euros (en black) de la direction des ressources humaines pour « maintenir la paix sociale » dans l’entreprise, peut se vanter d’avoir fait fort à Bruxelles. Certes, son pot-de-vin ne représente que, grosso modo, la valeur d’un an de salaire de 80 ouvriers de Forest. Certes, Volkert aura tout le loisir de méditer en prison sur la morale de l’histoire. Quant aux (encore) ouvriers et employés de VW à Forest, qu’ils ne s’en fassent pas pour leur marque favorite, créée par Hitler et Ferdinand Porsche en 1933 - pour des questions d’égalité sociale (déjà) (1). Elle se porte bien, avec un chiffre d’affaires de quelque 50 milliards d’euros et un bénéfice consolidé de l’ordre de 20 milliards (source : Transnationale.org).
Il ne leur reste plus qu’à investir leurs indemnités de licenciement dans l’action VW, qui va sûrement remonter en flèche ; pour autant qu’ils ne soient pas trop regardants sur l’éthique : selon Transnationale.org, en général très bien informé, la «voiture du peuple» ne crache pas sur les sociétés offshore, la petite criminalité financière, la corruption et les entorses au code du travail de l’OIT. Dans des proportions relativement médiocres il est vrai, qui la laissent loin derrière les champions de ce genre de sport (comme son compatriote Siemens, par exemple). Des broutilles, donc : ce qui compte, finalement, c’est le revenu de l’action. Le reste, c’est du blabla de syndicaliste.
(1) Porsche est toujours actionnaire de VW à 25%. On sait ce que fidélité veut dire !
http://www.transnationale.org
24 novembre 2006
03 novembre 2006
L’Afrique s’enrichit ! Et vous ne le saviez pas ?
Dans un communiqué de presse diffusé le 30 octobre, la Banque mondiale se félicite des progrès accomplis par un certain nombre de pays africains ; l’Institution envisage même d’atteindre, dans ces pays, le premier des fameux Objectifs du Millénaire (1), qui vise à réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2010. Et de mettre en avant les moteurs de ce progrès spectaculaire : une meilleure santé, un enseignement de meilleure qualité, une bonne croissance économique et la réduction de la pauvreté par le développement du commerce. Ça ne coûte rien de le dire, mais on connaît le mécanisme: des investissements massifs dans le commerce agricole d’exportation destiné au marché mondialisé, soutenus par la Banque mondiale; précisons, pour ceux qui l’ignorent encore, que l’octroi des subventions est soumis à quelques conditions, généralement liées à l’allégement des charges de l’Etat, notamment sociales et environnementales. La Banque Mondiale, dans son récent rapport «Doing Business 2007», dresse une liste des pays dans lesquels elle conseille aux entreprises d’investir. Question : selon quels critères ? Les mieux classés sont-ils ceux qui disposent de la main d’œuvre la mieux qualifiée, du meilleur réseau de transport, les meilleures matières premières, de la logistique la plus développée ? Réponse : pas du tout. Les mieux classés sont ceux dont les lois et les coûts sociaux sont les moins contraignants, voire inexistants (2). Comme le rappelle l’historien et politologue belge Eric Toussaint dans son ouvrage «La Finance contre les peuples» (CADTM/Syllepse/Cetim, 2004), il s’agit d’être lucide et de constater que le modèle de développement promu par la Banque mondiale et le FMI n’a pas permis une amélioration des conditions de vie des populations concernées (voir le désastre argentin). Le bilan humain et environnemental est sans appel : négatif. Avec à la tête de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, promoteur de l’invasion de l’Irak et idéologue des néo-conservateurs aux Etats-Unis, on voit mal où se situerait le progrès.
L’autre vérité
Il est intéressant de mettre en parallèle l’autosatisfaction de la Banque Mondiale avec l’article paru le lendemain (31/10) dans Libé (page 11); une intéressante interview d’Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali, sous ce titre percutant: «En privilégiant le marché mondial, on va droit dans le mur».
Les humanistes qui s’intéressent à l’Afrique savent depuis longtemps que ce sont les cultures vivrières traditionnelles (et la restitution des richesses naturelles pillées par les colons) qui sortiront le continent de la spirale famine/pauvreté/dépendance. «Depuis des décennies, les pays du Nord disent aux pays africains de cesser de cultiver des céréales traditionnelles mais de produire en fonction du marché, relève Aminata Traoré. Avec l’aide de la FAO (Agence des Nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation), on a donc massivement investi dans la culture du coton au lieu de développer les cultures vivrières (3). Puis, les cours du coton se sont écroulés, puisque sur les conseils éclairés (et un léger chantage à la libération des fonds) de la Banque mondiale, la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Ouzbékistan, entre autres, ont fait pareil. Résultat: le monde est inondé de coton, lequel ne vaut plus un kopek; les paysans maliens n’ont plus qu’à en manger au lieu du mil traditionnel. Et Aminata Traoré de conclure: « La FAO incite les pays africains à investir dans l’agriculture (4); mais laquelle? Une agriculture fondée sur la compétition mondiale ou sur l’écoute des Africains et de leur faim? Nous voulons une agriculture fondée sur la souveraineté alimentaire, c’est-à-dire le droit des Africains à choisir eux-mêmes ce qu’ils veulent produire et manger - à la place de cette prétendue «sécurité alimentaire» prônée par la FAO, qui vous incite à vendre pour acheter mais qui, en fait, vous ôte les moyens de vous nourrir.»
Vendre pour acheter, ça ne vous rappelle rien ? Ça ressemble pourtant fort au principe doctrinal de «croissance économique», censée créer de la richesse et des emplois - et qui démontre actuellement exactement le contraire. Et qui trouve-t-on derrière les pontes de la Banque mondiale ? Les semenciers OGM (5), dont le «succès» des plantations de coton transgénique en Inde a déjà poussé 600 agriculteurs au suicide (6) et endetté 43 millions d’autres paysans. Une paille…
Merci, Madame Traoré, d’avoir remis les pendules à l’heure. Puissiez-vous être entendue.
(1) http://www.un.org/french/millenniumgoals/
(2) http://www.doingbusiness.org/%5CDocuments%5COverviews_07%5CDB07OverviewFrench.pdf
(3) Comme les Soviétiques l’ont fait dans les années 1940 en Ouzbékistan, détournant le cours des fleuves Syr-Daria et Amou-Darila pour irriguer des régions inadaptées à ce type de culture, asséchant en 20 ans 90% de la mer d’Aral, 4e mer intérieure du monde, ruinant et polluant les populations de ces régions désormais désertiques et toxiques)
(4) http://www.fao.org/newsroom/FR/news/2006/1000286/index.htm
(5) http://www.grain.org/nfg/?id=417
(6) http://www.monde-solidaire.org/spip/article.php3?id_article=3350
L’autre vérité
Il est intéressant de mettre en parallèle l’autosatisfaction de la Banque Mondiale avec l’article paru le lendemain (31/10) dans Libé (page 11); une intéressante interview d’Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali, sous ce titre percutant: «En privilégiant le marché mondial, on va droit dans le mur».
Les humanistes qui s’intéressent à l’Afrique savent depuis longtemps que ce sont les cultures vivrières traditionnelles (et la restitution des richesses naturelles pillées par les colons) qui sortiront le continent de la spirale famine/pauvreté/dépendance. «Depuis des décennies, les pays du Nord disent aux pays africains de cesser de cultiver des céréales traditionnelles mais de produire en fonction du marché, relève Aminata Traoré. Avec l’aide de la FAO (Agence des Nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation), on a donc massivement investi dans la culture du coton au lieu de développer les cultures vivrières (3). Puis, les cours du coton se sont écroulés, puisque sur les conseils éclairés (et un léger chantage à la libération des fonds) de la Banque mondiale, la Chine, le Brésil, l’Inde et l’Ouzbékistan, entre autres, ont fait pareil. Résultat: le monde est inondé de coton, lequel ne vaut plus un kopek; les paysans maliens n’ont plus qu’à en manger au lieu du mil traditionnel. Et Aminata Traoré de conclure: « La FAO incite les pays africains à investir dans l’agriculture (4); mais laquelle? Une agriculture fondée sur la compétition mondiale ou sur l’écoute des Africains et de leur faim? Nous voulons une agriculture fondée sur la souveraineté alimentaire, c’est-à-dire le droit des Africains à choisir eux-mêmes ce qu’ils veulent produire et manger - à la place de cette prétendue «sécurité alimentaire» prônée par la FAO, qui vous incite à vendre pour acheter mais qui, en fait, vous ôte les moyens de vous nourrir.»
Vendre pour acheter, ça ne vous rappelle rien ? Ça ressemble pourtant fort au principe doctrinal de «croissance économique», censée créer de la richesse et des emplois - et qui démontre actuellement exactement le contraire. Et qui trouve-t-on derrière les pontes de la Banque mondiale ? Les semenciers OGM (5), dont le «succès» des plantations de coton transgénique en Inde a déjà poussé 600 agriculteurs au suicide (6) et endetté 43 millions d’autres paysans. Une paille…
Merci, Madame Traoré, d’avoir remis les pendules à l’heure. Puissiez-vous être entendue.
(1) http://www.un.org/french/millenniumgoals/
(2) http://www.doingbusiness.org/%5CDocuments%5COverviews_07%5CDB07OverviewFrench.pdf
(3) Comme les Soviétiques l’ont fait dans les années 1940 en Ouzbékistan, détournant le cours des fleuves Syr-Daria et Amou-Darila pour irriguer des régions inadaptées à ce type de culture, asséchant en 20 ans 90% de la mer d’Aral, 4e mer intérieure du monde, ruinant et polluant les populations de ces régions désormais désertiques et toxiques)
(4) http://www.fao.org/newsroom/FR/news/2006/1000286/index.htm
(5) http://www.grain.org/nfg/?id=417
(6) http://www.monde-solidaire.org/spip/article.php3?id_article=3350
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