Une dépêche de l’AFP annonce, hier, que « Les ministres de l'Agriculture des 27 réunis à Luxembourg ont décidé que les produits biologiques porteront un label européen et leurs normes de qualité seront renforcées à partir de 2009 ». On est ravi de l’apprendre, mais attention : in cauda venenum !
Car on lit tout en bas de l’article que « Enfin, après un âpre débat, les 27 ont accepté que les produits bio puissent contenir des traces d'OGM, accordant une tolérance de 0,9% au maximum. » Formidable ! L’enthousiasme européen est à son comble : « C'est un excellent accord qui aidera les consommateurs à reconnaître plus facilement les produits biologiques dans toute l'UE et leur donnera l'assurance de ce qu'ils achètent précisément », a commenté la commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel, dans un communiqué. Ah bon ? Des OGM dans les produits bio, c’est une assurance de qualité ? Cette mesure vise à « protéger les agriculteurs bio contre les contaminations accidentelles », précise la Commission, qui ajoute perfidement que les producteurs (pris la charrue dans les OGM) devront toutefois prouver que la contamination ne résulte pas d'une négligence de leur part. Ah, parce qu’il y a des contaminations accidentelles ? On nous avait pourtant toujours dit que les cultures d’OGM en plein champ ne présentaient aucun risque de cet ordre. Quant à la « négligence » en question, elle n’est pas précisée. Alors on s’interroge : oublier de recouvrir son champ bio de 10 hectares par une bâche de protection, c’est une négligence ? (Voir l'exemple de Percy Schmeiser en cliquant le lien dans le titre).
Soyons clairs : dans la Commission Barroso, les lobbies industriels ont nettement plus de poids que les consommateurs, qui ont depuis longtemps fait connaître leur opposition à cette mesure. Mais ils ont l’habitude : cause toujours tu m’intéresses, et surtout ne fais rien qui puisse entraver la sacro-sainte liberté du commerce. Tais-toi et mange !
13 juin 2007
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