L’émission de la RTBF « Dossiers Noirs » revenait, la semaine dernière, sur l’affaire des détournements de fonds au Village N°1, au profit de Jean Wauters et d’Hélène Schollaert (quelque 20 millions d’euros, au bas mot).
La plainte déposée par les nouveaux responsables du Village a été instruite, au départ, par le Procureur du Roi de Nivelles Jean Deprêtre. Le journaliste Georges Huercano-Hidalgo rappelle que si le dossier s’y est longuement enlisé, ce pourrait être à la demande du Palais, et plus particulièrement de Jacques Van Ypersele de Strihou, secrétaire particulier du Roi (à l’époque, Baudouin). En effet, plusieurs membres de la famille royale apparaissent dans le dossier comme ayant bénéficié des largesses de Jean Wauters, lesquelles auraient pu justifier, de la part du Palais, un appel du pied au Procureur Deprêtre, notoirement proche de l’entourage royal.
Stratégie de tension
Par un de ces parallèles dont l’Histoire a le secret, on se souviendra que Jean Deprêtre a eu à instruire, dans les années 1984 et suivantes, le fameux dossier des « Tueurs du Brabant ». A l’époque, il avait été le seul à soutenir, contre toute évidence, la thèse des « prédateurs » - conduisant à l’arrestation de la « filière boraine » qui se clôturera par un piteux non lieu. Or, la thèse la plus souvent citée par les spécialistes est davantage celle d’une action terroriste (téléguidée par la sûreté de l’Etat et le réseau Gladio?) destinée à instituer dans le pays un « pouvoir fort », face aux menaces supposées des pacifistes (contre l’installation des missiles Pershing II) et d’activistes tels que les CCC – des rigolos, même s’ils furent inspirés par les Brigades rouges, Action directe et la Rote Armee Fraktion. La « stratégie de la tension », tactique bien connue de la CIA là où les intérêts commerciaux et stratégiques américains sont potentiellement menacés par un affaiblissement du pouvoir ou une montée inquiétante de la gauche, avait bien fonctionné, si l'on ose dire, à la gare de Bologne (1980) ; pourquoi pas en Belgique, siège de l’OTAN ? On pourrait logiquement se demander si ce cher Jean Deprêtre n’aurait pas, là aussi, aiguillé l’enquête sur une fausse piste pour servir l’intérêt supérieur de la nation… Transmis au Juge d’instruction Raynal, de Charleroi, seul en charge de l’enquête à ce jour et qui vient de faire exhumer le cadavre du concierge de l’Auberge des Chevaliers, à Beersel, retrouvé mort en 1982 et cité comme témoin dans l’affaire dite des « ballets roses »… Ah, il y aurait donc un rapport? Sans blague? Pour rappel, l'affaire des ballets roses, dite aussi "affaire Pinon" (1979), mettant en cause de "hauts personnages de l'Etat", fut instruite par un certain Deprêtre, Jean, procureur à Nivelles et jamais élucidée, elle non plus.
Etat fébrile
Enfin, comment ne pas faire le rapprochement avec un nouvel épisode curieux, survenant à un moment précis où le pays est particulièrement fragilisé : à peine le gouvernement intérimaire Verhofstadt III intronisé, voilà que la sûreté de l’Etat – déjà citée – met le ministère de l’Intérieur en alerte face à des « menaces d’attentats » liés à une présumée tentative d’évasion du terroriste Trabelsi. Alors, nouvelle « stratégie de la tension » ? Toujours est-il que la sénatrice Anne-Marie Lizin a demandé un rapport détaillé au comité « R », chargé du contrôle des services de renseignements. La confiance règne… En attendant, Nizar Trabelsi est sous bonne garde à la prison de… Nivelles. Ça n’a évidemment rien à voir, mais la boucle est bouclée…
A propos de l’affaire Trabelsi: http://www.rtbf.be/info/belgique/ARTICLE_145819
A propos de l’affaire Village N°1: : http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=373082
A propos des tueries du Brabant (source non validée mais apparemment bien documentée): http://tueriesdubrabant.googlepages.com/lespistes
28 décembre 2007
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