Ceux qui ne sont pas encore convaincus que les grands patrons vivent sur une autre planète que nous n’ont qu’à lire (ou relire mieux) l’interview de Henri de Castries, patron d’Axa, dans «Le Soir» des 20, 21 et 22 juillet (page 17). Sans doute poussé dans ses retranchements par un journaliste d’une folle impertinence («Quel est le grand changement que vous attendez?»), le digne successeur du chasseur de grands fauves Claude Bébéar, un temps pressenti, paraît-il, pour être le ministre des Finances de Sarkozy, lâche cette phrase définitive : «Il faut accepter que le monde a changé et que le modèle dominant, c’est l’économie de marché tempérée par la démocratie.» Je répète, que vous saisissiez bien : Il faut accepter que le monde a changé et que le modèle dominant, c’est l’économie de marché tempérée par la démocratie.
Si l’on comprend bien, pour M. de Castries, la démocratie n’est rien de plus qu’un élément de tempérance au service de l’économie de marché. Comme on ne peut pas imaginer, de Castries étant un grand chrétien, que cette philosophie soit du cynisme pur ou du délire éthylo-mégalomaniaque, on doit donc en déduire qu’à force de n’évoluer qu’en petits cercles élitistes, les grands patrons vivent sur une autre planète que nous. On frémit à l’idée que ce type pourrait être un jour ministre… dans une démocratie !
23 juillet 2007
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